Les conférencières du 15 novembre
ALSF
Madame Manon Pinatel, master sur les métiers du patrimoine avec une spécialisation en archives à Aix-en-Provence, master sur l'histoire sociale à l'université de Luxembourg avec une thèse soutenue avec succès en octobre 2018, sur la formation des sages-femmes au Luxembourg au 19e siècle.
Titre : L'histoire centenaire d'une association et d'une profession sur le chemin de leur reconnaissance
En 1919, les sages-femmes du Luxembourg se regroupent en
association, pour revendiquer d'une part un droit à une pension pour celles qui
ne peuvent plus travailler et d'autre part une augmentation du tarif des
accouchements basée le prix des produits antiseptiques. En partie grâce à ces
acquis les sages-femmes ont pu privilégier le travail en maison d'accouchement.
Recevoir des parturientes chez soi suppose un minimum
d'équipement relativement coûteux. Les prérequis sont notamment centrés sur ses
installations sanitaires. La sage-femme intègre également à son service les
avancées technologiques que sont la voiture et le téléphone, des instruments
qui vont contribuer à modifier la relation entre les sages-femmes et les
médecins.
Avec
l'émergence, dans les années 1950, de nouvelles institutions de prise en charge
de la naissance, la question du salariat
se pose pour l'association luxembourgeoise des sages-femmes qui s'adapte à ces
nouvelles formes de travail et la complémentarité des acteurs de la santé et de
l'assistance. A
partir de 1967, le statut de la sage-femme ne relève plus de l'art de guérir,
et devient, comme celui de l'infirmière, une profession de la santé.
L'association a dès lors joué dans la restauration et le maintien des honoraires des sages-femmes
au Luxembourg.
De manière plus général,
l'association a en un siècle pris position en faveur du statut des
sages-femmes, des mères et a soutenu la liberté des femmes au Luxembourg.
Madame Béatrice Jacques, Maîtresse de conférences en sociologie Université de Bordeaux, Chercheuse Laboratoire Centre Emile Durkheim, sciences politiques et sociologie comparatives (UMR 5116)
Titre : Transformations du métier de sage-femme et reconfigurations des frontières professionnelles
Dans cette intervention, nous nous interrogerons sur les récentes évolutions du métier de sage-femme en Europe et nous nous demanderons ce que cela nous apprend sur leur place dans le champ sanitaire. Un rapide retour historique nous permettra de mieux comprendre les enjeux qui sous-tendent la division du travail (parfois conflictuelle) entre les sages-femmes et les gynécologues-obstétriciens et de mieux saisir les jeux de frontières entre professions. Nous questionnerons également le point de vue des parturientes, en nous demandant notamment comment elles peuvent être les promoteurs de l'approche globale et empathique des sages-femmes.
Isabelle Brabant est sage-femme depuis 1979. Elle a fait partie de l'équipe qui a ouvert la Maison de naissance de Côte-des-Neiges en 1994 et y a été rattachée jusqu'en 2015. Elle a participé à la fondation de la Maison Bleue Côte-des-Neiges en 2007 et y a mis en place un modèle de suivi conjoint sage-femme/médecin, unique au Québec.
Elle est l'auteure du livre « Une naissance heureuse », dont la troisième édition est parue en 2013. Elle est conférencière au Québec, au Brésil, en Belgique, en Suisse et en France. Elle est aussi engagée dans des programmes de soutien à la formation des sages-femmes au Mali, au Bénin et en Haïti.
Titre : De quoi seront faites les cent prochaines années ?
L'Association Luxembourgeoise des sages-femmes est centenaire.
Quel extraordinaire moment pour se pencher sur le passé, mais aussi sur l'avenir. Les cent dernières années ont été témoins d'améliorations qu'on n'aurait pu imaginer en 1919. Les taux de mortalités maternelle et néonatale approchent désormais des niveaux incompressibles. Mais pour peu qu'on s'y arrête, on peut aussi percevoir des failles, des insatisfactions, tant chez les sages-femmes que chez les parents.
En ces temps d'inquiétude quant aux changements climatiques, il est temps de se pencher sur un volet trop souvent oublié: l'écologie de la naissance. N'est-il pas temps d'observer l'impact de nos pratiques sur les mères, les bébés, les familles dans ce moment crucial de la grande aventure humaine ? Que pouvons-nous mettre en place pour créer une alliance obstétrique/physiologie afin de mieux répondre aux besoins des bébés et de leurs parents? Pour repenser la santé dans sa globalité en y incluant ses composantes émotionnelles, relationnelles, psychiques ? Comment concilier rigueur, sécurité et approche « physiologique »?
Quel que soit notre lieu de travail ou notre « allégeance », nous sommes tous au service de ce moment charnière de la vie. Nos approches peuvent être diverses, mais notre intention se doit d'être unique : répondre à des besoins multiples et complexes en intégrant les nouvelles réalités scientifiques et sociales dans notre regard, d'abord, et dans nos pratiques.
Les bébés nés en 2019 auront des enfants en
2050. Où en seront les sages-femmes du Luxembourg, celles du Québec et
d'ailleurs ?